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Le petit village roumain qui changeait l’avenir de sa population, un bison à la fois

Avec peu de moyens, un petit village logé dans un immense écrin de verdure en Roumanie se démarque en matière de conservation de la nature. Pour garantir le succès du projet de réintroduction de bisons de la région, il bouleverse la dynamique locale en améliorant la prospérité socio-économique et la sauvegarde des richesses naturelles.

 

Aujourd’hui, nous vous emmenons dans le petit village d’Armeniș, logé dans les montagnes Tarcu, au sud-ouest de la Roumanie. Depuis six ans, le WWF participe à la réintroduction de bisons dans cet écrin de verdure de 59 000 hectares, afin de restaurer cet écosystème encore sauvage, bien que meurtri. « Cette zone a souffert parce que les humains connaissent des pénuries socio-économiques qu’ils compensent en exerçant une pression indirecte sur la nature », explique Oana Mondoc, responsable du Développement communautaire et de l’Innovation au WWF en Roumanie.

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Ce problème n’est pas neuf, et le bison en est un exemple général : chassée jusqu’au dernier au 18e siècle en Europe, l’espèce a échappé de justesse à une extinction définitive grâce aux 54 derniers bisons captifs. « Aujourd’hui, pour vraiment préserver les espaces naturels, il ne suffit donc pas de guérir la nature en réintroduisant des animaux et en installant des caméras. Ce n’est pas ça qui réduit les pressions. »

La population locale d’Armeniș, pierre angulaire du projet de réintroduction 

La solution, Oana en est convaincue depuis le début du projet : pour avoir une nature riche et résiliente, il est impératif d’offrir aux communautés locales une solide alternative à la chasse et la déforestation illégales. Car qu’est-ce qu’une nature en bonne santé, si personne ne désire la protéger ?

« La renommée de ces bisons ne rend pas leur communauté meilleure si elle n’est pas impliquée », affirmait Oana. En effet, réintroduire des bisons est une prouesse de conservation, qui peut néanmoins comporter des désavantages pour la population. « Pendant les hivers les plus rudes, il arrive que les bisons s’approchent du village pour rechercher de la nourriture. Certains grignotent alors la production de villageois, comme du foin. Cela reste des pertes assez peu importantes. Mais ces petites pertes doivent être compensées largement par des bénéfices économiques liés à ces bisons. »

Depuis le début du projet de réintroduction, le WWF a soutenu le développement d’un programme écotouristique basé sur l’observation des animaux sauvages pour répondre à ce besoin. Mais pas question d’interférer dans la vie sur place : les locaux se chargent de tout. Ils font découvrir leur village et son folklore, amènent les amoureux de la nature observer le bison dans son milieu naturel, préparent des repas locaux et durables et offrent bien sûr des logements typiques aux voyageurs.

Depuis lors, le village est surnommé « Bison Hillock » (littéralement : la colline du bison). Ce projet bénéficie à plus de 30 familles du village, et a permis, au-delà de protéger les forêts et ses habitants, de stimuler la fierté locale et l'esprit d'entreprise, et de remettre au goût du jour des techniques qui tombaient dans l’oubli. « Les habitants ont pris conscience que les méthodes traditionnelles sont en fait « sexy » et que les gens s'y intéressent. Les aider à comprendre combien ces pratiques sont attrayantes, permet d’entretenir ce patrimoine. »

La nature inspire pour l’avenir 

Le projet allait bon train, mais il n’en était en réalité qu’à ses balbutiements. Inspiré par tant d’effervescence, le WWF en Roumanie, en collaboration avec la communauté locale de Bison Hillock et des innovateurs en matière d'architecture durable, a récemment commencé à travailler sur le premier campus de collaboration urbaine-rurale en Roumanie. Intitulé « WeWilder », le centre se veut un lieu innovant de rencontre pour les indépendants, les entreprises, les artistes, les entrepreneurs et les résidents locaux, qui offre à tous l’expérience d’une zone de nature sauvage. « Cet endroit peut être une grande source d’inspiration pour la durabilité et l’innovation commerciale – un pont qui nous relie », déclarait Orieta Hulea, Directrice générale du WWF en Roumanie.

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« Vous connaissez certainement la phrase « la folie c’est de faire la même chose encore et encore, et d’attendre des résultats différents ». C’est vrai : on ne peut pas s'attendre à ce que les industries et les entreprises redéfinissent complètement leurs activités s'ils le font au même endroit où ils opèrent d’habitude », remarquait Oana Mondoc.

Pour cela, les locaux, même les plus novices en la matière, ont mis la main à la pâte pour construire ces chalets durables, faits majoritairement en matière recyclée. Un projet ambitieux, certes réalisé de façon peu orthodoxe, mais qui n’a pas fini de surprendre et de se réinventer, jour après jour.

Le coronavirus, par exemple, n’a pas été un réel frein à leur projet. « Nous avons arrêté la construction du plus grand chalet, mais nous en avons réalisé un autre en plus petit comité. Ensuite, des travailleurs urbains sont venus travailler ici. Et au lieu de faire des transactions monétaires, ils ont même échangé leurs conseils professionnels contre des services locaux comme des repas », se réjouissait Oana.

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WeWilder est un modèle. Une fois qu’il sera validé, l'intention de l'équipe est de l'étudier, de l'affiner et de le reproduire dans d'autres zones de conservation prioritaires de la région.

La réintroduction du bison, le point de départ de cette aventure 

Le bison, animal qui semble sorti tout droit des livres sur la préhistoire, est en train de gagner un pari incroyable : celui de revenir peupler le continent européen plus d’un siècle après sa disparition. Des 54 bisons européens captifs restants, il en vit aujourd’hui environ 3 000 (moins que le rhinocéros noir !) qui, depuis 2013, sont relâchés par petits groupes dans ce qui reste de nature sauvage en Europe Centrale et de l’Est.

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Aujourd’hui, environ 60 bisons prospèrent et se reproduisent autour de Bison Hillock. Dans cinq à dix ans, lorsque la population de bisons y sera viable, l’idée est d’encourager, grâce aux corridors écologiques liant les espaces naturels entre eux, de faire rencontrer plusieurs populations de bisons…

Car tout est une question d’échange et de connexion, n’est-ce pas ?

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Ce projet ambitieux et innovant manque malheureusement de fonds à l’heure actuelle. Vous pouvez faire un don pour le WWF directement sur le site. Si vous envisagez de faire un don conséquent, n’hésitez pas à nous appeler. Merci d'avance de participer au succès de ce projet en pleine expansion ! 

 

Plus d’informations (en anglais) :  

 

 

 

 

 

 

 

 

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