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Le lien entre la pandémie de COVID-19 et la destruction de la nature

Avec le Covid-19, le monde est confronté à une crise sanitaire majeure, d’une ampleur mondiale, inédite et inattendue. Aujourd’hui, la priorité absolue est sanitaire, afin de limiter le nombre de vies humaines qui seront perdues. Nos pensées vont à toutes les personnes qui se battent sur le front de cette pandémie ainsi qu’aux familles et aux proches des victimes. Demain, la priorité deviendra rapidement économique.

 

Au-delà de ces priorités qui dans le court terme sont absolues, il faut réfléchir aux facteurs profonds qui favorisent l’apparition de ces épidémies. Et parmi ceux-ci, la destruction des écosystèmes et la surexploitation des ressources animales sont des facteurs importants de l’apparition de ces maladies. C’est ce que rappelle un rapport récemment publié par le WWF

L’origine des virus

Le rapport "Destruction des écosystèmes et émergence de pandémies" révèle le lien entre l'émergence de pandémies, comme celle que nous connaissons aujourd'hui et pour laquelle nous n'avons pas encore de vaccin ou de médicament, et notre impact sur la nature. Le coronavirus SARS-CoV-2 fait partie des zoonoses - comme le virus Ebola, le HIV, le SARS, la grippe aviaire ou la grippe porcine. Ce sont des maladies transmises de l'animal à l'homme. A l’origine de ce nouveau virus se trouve le phénomène de spillover- le moment où un pathogène passe d'une espèce hôte à une autre.

La propagation du Covid-19 semble avoir son origine dans le grand marché aux animaux de Wuhan, dans la province chinoise de Hubei, avec un premier foyer apparu en décembre 2019. Les chauves-souris sont l'une des hôtes les plus probables du virus du SARS-CoV-2. Selon des chercheurs de l’Université agricole de Chine du Sud, les pangolins auraient pu contribuer à la propagation du Covid-19, bien qu’à ce stade la correspondance entre les deux virus soit encore trop faible pour tirer des conclusions définitives Ces petits mammifères insectivores, dont les huit espèces existantes sont toutes menacées d'extinction, sont les animaux les plus braconnés au monde. Ils sont principalement chassés et commercialisés pour leurs écailles auxquelles sont attribuées des pouvoirs de guérison, mais aussi pour leur chair.

Epidemia infografica FINAL FR

Le lien invisible entre notre santé et la biodiversité 

Le rapport rappelle qu’il y a un lien entre la destruction des écosystèmes, le commerce des espèces sauvages et l’apparition et la propagation de ces zoonoses. La destruction des écosystèmes expose l’homme à de nouvelles formes de contact avec les microbes et avec les espèces sauvages qui les hébergent, tandis que le commerce des espèces sauvages augmente les contacts directs avec des animaux sauvages et exposent ainsi l’homme à des virus ou autres agents pathogènes dont l’animal peut être l’hôte. Enfin, la modification de l’équilibre des écosystèmes peut favoriser la migration des virus vers d’autres espèces ou leur mutation afin qu’ils puissent s’adapter aux nouvelles conditions et à leurs nouveaux hôtes.  

« Lorsque les arbres tombent et que les animaux sont abattus, les germes s'envolent comme la poussière d'un entrepôt démoli »

David Quammen

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Selon le dernier rapport de l’IPBES, près de 16% des habitats terrestres et 66% des habitats humains ont été modifiés de manière significative. Selon le rapport "Planète vivante" du WWF, en un peu plus de 40 ans, l'abondance des populations de vertébrés dans le monde a diminué en moyenne de 60%. Or, comme l’illustre le rapport "Destruction des écosystèmes et émergence de pandémies”, le passage d’agents pathogènes, comme les virus, des animaux sauvages à l’homme est facilité par la destruction et la dégradation des écosystèmes. Celles-ci sont causées par la pénétration de l’homme dans les dernières zones vierges de la planète et souvent par le commerce illégal ou non contrôlé des espèces sauvages.

Une fois la crise sanitaire passée, une fois la crise économique maîtrisée, il deviendra donc urgent et prioritaire de renforcer la préservation des écosystèmes encore intacts, de protéger les zones vierges de la planète, de lutter efficacement contre le trafic illégal des espèces mais aussi de restaurer des écosystèmes endommagés. Un scénario "business as usual" pour relancer l’économie après cette crise n'est pas une option si nous voulons éviter de nouvelles pandémies dans le futur.

Découvrir le rapport

La viande de brousse, une potentielle bombe virale   

Et ce problème ne concerne pas que les pays d’Asie ou d’Afrique. En décembre dernier, une étude du SPF Santé Publique concluait que 44 tonnes de viande de brousse arrivent ou transitent chaque année par Brussels Airport. Le WWF a mis en garde à plusieurs reprises contre le risque sanitaire de ces importations interdites, qui représentent une perte importante de la biodiversité et pourraient provoquer la propagation d'agents pathogènes.

Ceci alors que l’Union Européenne interdit la viande de brousse sur son territoire car elle peut contenir des agents pathogènes et présenter potentiellement des risques pour la santé humaine. Il est donc urgent que la problématique soit aussi prise au sérieux dans les pays occidentaux. En effet, quelle crédibilité avons-nous à demander aux pays asiatiques ou africains de faire le ménage chez eux quand notre pays sert encore de plaque tournante à ce trafic?

Lire aussi la recommandation politique sur l’importation de la viande de brousse  

Des forêts saines : nos alliées contre la propagation des virus  

Les forêts sont indispensables à notre santé et bien-être. Elles contribuent à la lutte contre le changement climatique en absorbant le CO2 et hébergent 80% de la biodiversité terrestre. Mais leur destruction effrénée crée des opportunités pour les pathogènes tels que le coronavirus.

En détruisant les forêts et pénétrant de plus en plus profond au cœur des écosystèmes jusqu’ici intactes, l’être humain se met au contact de nouveaux virus hébergés par la faune sauvage. On crée ainsi des opportunités pour que les virus passent de leur hôte naturel sur un animal domestique et ou sur l’être humain directement.

Les changements d’affectation des sols et la destruction des habitats naturels comme les forêts sont à la source de près de la moitié des zoonoses émergentes (=pathologies transmises par l’animal à l’homme), le coronavirus en faisant partie.

Nous avons besoin de mieux comprendre le rôle des écosystèmes naturels dans la défense contre la propagation des maladies. La protection et la restauration des écosystèmes naturels sont cruciales non seulement pour lutter contre le changement climatique et le déclin de la biodiversité mais également pour réduire les menaces inconnues pour notre santé. Le risque accru de maladies zoonotiques doit être une considération additionnelle pour mettre fin à la surexploitation et conversion des forêts et investir dans leur protection et restauration.

En préservant nos forêts, nous protégeons la santé humaine !

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Crise écologique systémique 

Nous dépendons entièrement des ressources naturelles pour l'air, l'eau, la nourriture et de nombreux produits directement issus de la nature et indispensables à notre survie. L'impact croissant des humains sur les écosystèmes et les espèces sauvages, renforcé par les effets du changement climatique, augmente considérablement notre exposition aux risques sanitaires. Nous sommes maintenant confrontés à une crise du système écologique et la pandémie de COVID-19 en est l'illustration.

Il est donc essentiel de mieux protéger les espaces naturels vierges, de mettre fin à la consommation et au commerce illégaux des espèces sauvages, de rétablir l'équilibre des écosystèmes endommagés et de stopper le changement climatique.

 

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