Les coulisses de la COP25

L'Espagne sous la pression croissante du changement climatique

Vendredi 6 décembre – Pour ma première matinée à Madrid, il y a une épaisse couche de brouillard sur la ville. Il fait 13 degrés, c’est 2 degrés de plus que la normale en hiver, mais qu'est-ce qui est encore normal aujourd'hui? Une enquête nationale réalisée plus tôt cette année a révélé qu'une grande majorité d'Espagnols considèrent le changement climatique comme la menace la plus importante au monde devant les conflits armés. Dans la même enquête, 97% des personnes ont indiqué qu'elles pensaient que le changement climatique était réel et 92% que les gens en étaient responsables. Le fait que l'Espagne soit parmi les pays les plus vulnérables d'Europe concernant les conséquences du réchauffement climatique n'est peut-être pas surprenant: l'augmentation de la chaleur et de la désertification, la diminution des précipitations et le manque d'eau douce ne sont que quelques-uns des effets que le pays connaît déjà. Ce mardi, j'ai rendez-vous avec des collègues du WWF-Espagne. Nous allons visiter le Parc National de Guadarrama, non loin de Madrid, avec quelques journalistes belges. La région a beaucoup souffert du changement climatique ces dernières années et ses forêts ont brûlé l'été dernier (en plus de celles de l'Alaska, de l'Amazonie, de la Californie, du Liban, de l'Indonésie, de la Sibérie, de l'Afrique australe et de bien d'autres endroits).

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500 000 personnes dans la rue pour le climat à Madrid

Vendredi 6 décembre - Aujourd'hui, je rencontre les jeunes de Youth for Climate. Je prends des interviews de Luna Bauwens, Elijah Mc Kenzie-Jackson et Louise Rosoux. Ces 3 passionnés participeront à un débat que nous organisons jeudi 12 décembre dans le pavillon du WWF à la COP. Après notre conversation, nous décidons de nous revoir pour la grande manifestation climatique, ce soir à Madrid. Cela commencera au célèbre Prado, qui, avec nos collègues du WWF-Espagne, a déballé une remarquable série de peintures célèbres adaptées au changement climatique. Ce soir-là, des milliers de personnes viennent au centre de Madrid. Ils portent les mêmes signes que des centaines de milliers d'autres portaient déjà dans des centaines d'autres villes du monde. Le monde est en feu et ces gens le voient, ils le sentent même, comme à Sydney aujourd'hui. Et où va la politique? Quand vont-ils convertir leurs déclarations en action climatique? En Belgique, les citoyens restent sur leur faim : la première version du plan national énergie climat laisse à désirer, la deuxième version est attendue pour la fin du mois de décembre. Une autre date peut être ajoutée aux livres d'histoire: vendredi 6 décembre: 500 000 personnes dans les rues de Madrid.

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Sierra de Guadarrama – ici, ils détruisent les stations de ski

Mardi 10 décembre – Luiz Suarez est un homme ponctuel. A 14h tapantes, le spécialiste des espèces du WWF-Espagne vient nous chercher au centre de conférence de Madrid pour une escapade à la Sierra de Guadarrama, une chaîne de montagnes située à environ 50 kilomètres de la capitale. C’est bien d’être un peu dehors, car les journées sont longues, très longues à la COP. Avec les journalistes Leen De Witte de la VRT, Sophie Brems de la RTBF et Michel de Meulenaere du Soir, nous verrons comment le changement climatique a un impact sur la biodiversité et le paysage de ce parc national très important pour les Madrilènes. Ils s’y rendent le week-end pour échapper à la ville et profiter de la nature. L’hiver, ils s’y rendent pour le ski. Mais ces dernières années, peu de neige est tombée et la nature souffre. Le WWF plaide pour la destruction des stations de ski. L’une des quatre stations a déjà été démontée. Les promeneurs peuvent à présent se balader librement dans les bois. Nous allons vous montrer combien la nature est importante dans la lutte contre le changement climatique. Dans le reportage suivant, vous pouvez lire et écouter notre expérience sur le terrain. 

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Dernier jour de la COP

Madrid a été un lieu de grande mobilisation : un demi-million de personnes sont descendues dans la rue et il y a eu de nombreuses actions civiles au sein de la COP, ce qui n’a pas toujours été apprécié. Mercredi, par exemple, un groupe de 300 jeunes militants a été mis à la porte sans ménagement. Heureusement, après la médiation des ONG, ils ont à nouveau eu accès au centre de conférence dès le lendemain. On sent que la pression est de tous les côtés, non seulement dans de nombreux pays et villes du monde mais aussi ici, dans les lieux de négociations. Et il y a de quoi, car les rapports sont clairs : nous devons réduire nos émissions le plus rapidement possible. La déclaration européenne selon laquelle l’Europe atteindra zéro émission d’ici 2050 est un bon signal, mais il reste encore beaucoup de travail à faire. Diverses ONG internationales dont le WWF appellent l’Europe, compte tenu de ses émissions historiques en tant que région industrialisée et de la science du climat, à réduire ses émissions d’au moins 65% d’ici 2030. Les 50% de réduction visés représentent une amélioration sérieuse par rapport à l’objectif obsolète de -40% de l’UE, mais ne garantissent pas que nous limiterons le réchauffement en dessous de 1,5°C. Pendant ce temps, la COP25 attend les résultats des négociations. Vous pourrez lire la conclusion dans notre communiqué de presse final.