À l’heure actuelle, les chances de croiser un tel foisonnement de vie sauvage en Afrique centrale sont de plus en plus faibles ; et pour cause, la pression humaine ne cesse de s’accentuer. Les régions sauvages étaient autrefois sillonnées en toute liberté par les animaux. Ces régions qui s’étendaient a perte de vue ont été subdivisées et fragmentées, constituant des îlots de nature où les animaux se retrouvent prisonniers. L’exploitation des richesses naturelles au cœur de la forêt tropicale pèse aussi lourdement sur la faune. L’exploitation minière et forestière conduit à une plus grande concentration humaine dans des zones vulnérables et entraîne des destructions d’habitats naturels. Des routes ont été construites dans des régions autrefois impossibles à traverser.
Là où jadis, les chasseurs progressaient péniblement à pied à travers la brousse ou la forêt tropicale, il est désormais possible de se déplacer en 4x4 et en camion. Ces routes facilitent l’acheminement de la viande de brousse vers les villes et leurs aéroports. Parallèlement, le trafic des animaux sauvages a étendu son marché. Il ne fournit plus seulement des protéines aux populations locales mais alimente un commerce lucratif qui dépasse largement le cadre local pour atteindre les grandes villes nationales et internationales, dont Bruxelles, Anvers, etc.
Les reportages diffusés le 3 octobre sur la VRT et la RTBF mettent en lumière le rôle que joue notre pays dans cette tragédie. Bien que la Belgique ait signé une convention internationale qui l’engage à lutter contre le commerce illégal d’espèces sauvages sur son sol, les actions concrètes font largement défaut en ce qui concerne la viande de brousse qui entre dans notre pays. Le WWF demande que des mesures soient prises pour mettre fin à ce commerce illégal, par des contrôles plus efficaces et des sanctions. Ce sont surtout les douanes qui sont concernées. Mais pas seulement : les compagnies aériennes et les aéroports ont aussi un rôle important à jouer. L’AFSCA également puisque l’importation de viande dans l’UE est interdite sans autorisation préalable. Aujourd’hui, tout le monde semble fermer les yeux et ignorer ce problème. De la viande de brousse rentre tous les jours dans le pays, malgré toutes les interdictions qui pèsent sur ce commerce et malgré les risques sanitaires qui y sont liés. Des maladies graves telles qu’Ebola sont réputées être transmises par la consommation de viande de brousse...
En appliquant simplement les lois en vigueur, en mettant en place des contrôles et des sanctions plus strictes, notre pays peut contribuer à la lutte contre la destruction de la grande faune africaine.