Jusqu’au début du XXème siècle, ce cousin méconnu du bison d’Amérique évoluait sur tout le continent européen, à l’exception du sud de la péninsule ibérique et du nord des pays scandinaves. Mais la chasse intensive et la disparition de son habitat ont mené l’espèce au bord de l’extinction, le dernier bison à l’état sauvage ayant été observé en 1927. Des bisons ont toutefois survécu en captivité, ce qui a permis, lentement mais sûrement, de reconstituer des populations sauvages en Europe centrale et en Europe de l’Est à partir des années 1950. Malgré cela, le bison d’Europe fut longtemps considéré comme plus rare que le rhinocéros noir !
Depuis 2013, le WWF collabore avec Rewilding Europe, une organisation qui vise à redonner une place à la nature sauvage en Europe, pour réintroduire les bisons d’Europe dans les Carpates, en Roumanie. Chaque année, de nouveaux troupeaux sont relâchés dans la région. Ce travail de longue haleine a contribué à la hausse de population de l’espèce : celle-ci est passée d'environ 1 800 individus en 2003 à plus de 6 200 en 2019. C’est ce qui lui a valu d’évoluer du statut « d’espèce vulnérable » à celui « d’espèce quasi menacée » dans la nouvelle liste rouge des espèces menacées de l’’IUCN.
En Roumanie, la plus grande population de bisons compte aujourd’hui plus de 65 individus et se trouve dans les montagnes de Tarcu. Le bison, en plus d’y être bénéfiques pour la biodiversité, est devenu un symbole local qui a notamment permis aux habitants de redécouvrir la richesse de la nature qui les entoure et de développer des idées d'entreprenariat basées sur l'écotourisme.
Le Dr Bruno Oberle, directeur général de l'UICN, a déclaré que le bison et vingt-cinq autres espèces étaient en voie de rétabliseement selon la nouvelle liste rouge de l'UICN, ce qui démontre le rôle crucial du travail de conservation en cours. "Pourtant, la liste croissante des espèces éteintes nous rappelle brutalement que les efforts de conservation doivent s'étendre de toute urgence. Pour faire face aux menaces mondiales telles que la pêche non durable, le défrichement des terres pour l'agriculture et les espèces envahissantes, la conservation doit se faire dans le monde entier et être intégrée dans tous les secteurs de l'économie", a-t-il également déclaré.
À l’instar des projets de conservation dans le monde, la pérennité des populations de bisons d’Europe reste en effet dépendante des mesures de conservation en cours, telles que la relocalisation des bisons dans des habitats optimaux pour créer des populations viables, mais aussi la promotion de la coexistence entre l'homme et le bison. Le WWF s’engage, à travers ses projets aux quatre coins de la planète, à poursuivre son travail sur le terrain pour bâtir un futur où les humains vivront en harmonie avec la nature.