Le commerce des plantes et des animaux sauvages est une industrie lucrative, estimée à plusieurs milliards d’euros par an. Il s’agit en effet du 4e trafic le plus important au monde après le trafic de drogue, la contrefaçon et la traite d’êtres humains. Le manque d’application des lois constitue une menace grandissante pour la biodiversité. Au vu des bénéfices importants et du risque de sanctions relativement bas, les réseaux criminels se sont peu à peu professionnalisés. Et la corruption, souvent associée à la violence, sévit à tous les niveaux de la chaîne du marché d’espèces sauvages. Il est donc dans l’intérêt des autorités de combattre plus sévèrement cette problématique.
La lutte contre le commerce illégal ne doit pas être uniquement menée dans les pays d’origine et de destination. De plus fortes mesures sont également nécessaires plus près de chez nous. Chaque semaine, de l’ivoire, des objets souvenirs en peau de crocodile ou encore des hippocampes séchés sont retrouvés dans les bagages de passagers en transit depuis l’Afrique vers la Chine. Il n’est pas rare d’assister à des saisies de plantes et de médicaments traditionnels chinois à base d’ingrédients de tigres, comme en témoignent les données de la CITES, la Convention qui régule le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction et qui a été ratifiée en Belgique en 1948. Rien qu’au mois de mai, les douaniers ont saisi au total quelque 90 kg d’hippocampes (plus de 10 000 individus). Et il ne s’agit que de la partie visible de l’iceberg puisque les saisies représentent moins de 10 % des marchandises illégales.
Le WWF appelle les autorités et les autres instances compétentes à prendre davantage en considération cette problématique et à adopter les mesures suivantes :
D’autres pays européens sont eux aussi confrontés au phénomène croissant du commerce illégal d’espèces sauvages. Une raison supplémentaire d’envisager une approche intégrée et à plus grande échelle pour lutter contre cette menace universelle. C’est dans ce but que le partenaire du WWF, TRAFFIC (le réseau de surveillance du commerce illégal), en collaboration avec la Police fédérale belge, la cellule CITES (SPF Santé publique, sécurité alimentaire et environnement) et la Douane, a créé en 2005 la plateforme EU TWIX pour faciliter les échanges d’informations entre les instances européennes chargées d’adapter la loi CITES.
Sofie Ruysschaert, experte Espèces sauvages du WWF : « Le Conseil européen a décidé le 12 mai dernier de faire de la lutte contre le braconnage et le commerce illégal des espèces sauvages une priorité pour les quatre ans à venir. L’année passée, la Commission européenne a également élaboré un plan d’action qui se concentre sur une meilleure application de la loi ainsi qu’une collaboration et une prévention plus efficaces. L’Europe appelle par ailleurs les États membres à prendre des mesures plus strictes pour lutter contre le commerce illégal. Il est important que la Belgique et ses ministères et instances compétents montrent l’exemple et mettent au plus vite en pratique les cinq points mentionnés ci-dessus. »
Note :
Les hippocampes sont des espèces menacées (annexe II de la liste des espèces menacées de la CITES) qui ne peuvent être commercialisées sans autorisation. Utilisés en médecine traditionnelle asiatique, vendus comme nourriture ou comme souvenirs, les hippocampes sont menacés par une demande croissante partout dans le monde.