La première journée internationale du jaguar a été annoncée la semaine dernière lors du sommet sur la biodiversité de Sharm el-Cheikh. Elle aura lieu le 29 novembre. Une initiative qui ne vient pas trop tôt, car le jaguar constitue une fois de plus un exemple d’une espèce emblématique qui ne va pas bien. Il ne reste en effet plus que 15 000 individus à l’état sauvage et leur aire de répartition, qui s’étendait autrefois du Sud des États-Unis jusqu'à la pointe sud de l’Argentine, s’est réduite de moitié.
L’histoire que le directeur du programme et un employé du WWF Belgique ont récemment contée est symptomatique de la situation de la population de jaguars en Amazonie. Ils étaient en visite sur le terrain dans la forêt tropicale du Surinam, à la frontière brésilienne. Dans cette région jusqu'ici préservée, l’exploitation illégale de l’or a entraîné un problème majeur. La fièvre de l’or a poussé de pauvres Brésiliens, attirés par la promesse de profits rapides, à se rendre dans la jungle à la recherche d’un nouvel Eldorado. Ils pensent le trouver dans les colonies de chercheurs d’or de l’autre côté de la frontière au Surinam. Cependant, cette exploitation illégale et non réglementée cause de nombreux autres problèmes, tels que le braconnage, la pollution et la prostitution.
Lors de leur visite dans l’un de ces campements, les collaborateurs du WWF sont tombés sur deux jaguars récemment abattus. Le fait que plusieurs parties des animaux avaient déjà été préparées pour l’exportation indique qu’il ne s'agit pas là d’un cas isolé, mais que le commerce international des espèces menacées étend ses tentacules à ces avant-postes isolés et sans loi. Le braconnage est devenu une sorte de « spin-off » de l’exploitation de l’or. En outre, l’énorme pollution au mercure a des conséquences majeures. En raison des méthodes peu orthodoxes des mineurs d’or, de grandes quantités de cette substance toxique se retrouvent dans le sol et les cours d'eau. Avec pour conséquence que plusieurs espèces de poissons sont devenues non comestibles et que tout l’écosystème en aval s’est retrouvé empoisonné et se dégrade.
Pour les populations autochtones locales, l’impact de cet afflux et de ses conséquences est désastreux. Certaines de ces communautés connaissent en effet aujourd’hui les taux de suicide les plus élevés de la région. Le récit complet des employés du WWF est disponible sur notre site web.
L'exemple ci-dessus illustre à quel point le recul du jaguar est symbolisé par la dégradation et la disparition de son habitat. C’est pourquoi, lors de la COP14 de la CDB (Convention sur la diversité biologique) en Égypte, un plan d'action pour le jaguar a été annoncé. Celui-ci comprend quatre grands volets :
WWF Belgique investit au Surinam et en Équateur depuis plusieurs années. Nous avons ainsi placé 300 caméras de surveillance pour déterminer la population de jaguars en Équateur. Nous avons contribué à la reconnaissance de 770 000 hectares de zones humides, qui ont été placés sur la liste des “zones humides d'importance internationale”. Nous avons financé la formation de femmes et d’hommes de la population locale quechua, afin qu’ils puissent mieux protéger eux-mêmes leurs zones. Au total, nous avons contribué à la protection de 60 millions d’hectares de forêt vierge.
Avec l’argent récolté par la campagne jaguar, le WWF Belgique va investir dans la sensibilisation de la population locale à la vulnérabilité du jaguar et de son habitat. Le WWF contribuera également à donner un statut protégé à davantage de zones et à obtenir de la part des pays une meilleure protection légale.